mercredi 2 mars 2016

PSG, en route vers les sommets.




  Le Mercato estival 2016 sera sans doute l’un des plus dépensiers de l’histoire du Paris Saint Germain. On s’attend au remplacement symbolique de Zlatan Ibrahimovic et éventuellement un deuxième gros joueur de classe mondiale, offensif, capable d’être le pendant d’Angel Di Maria. Cependant, les rumeurs les plus folles associant le nom du club et de grands joueurs circulent. Comment expliquer ce phénomène de plus en plus présent dans toutes les sortes de réseaux de diffusion d’information ?


  Il n’est pas une semaine sans que le PSG soit en tête des rumeurs de transferts. Un jour Messi, l’autre Ronaldo, un autre jour Neymar puis Lewandowski. C’est simple, la liste des joueurs que le Paris Saint Germain aurait du signer depuis trois ans est exhaustive mais pas toujours crédible. On se souvient tous du feuilleton Rooney, il y a trois ans. Sans doute le premier grand coup de bluff. Ensuite, il y a eu le cas Sergio Ramos et celui de Raphael Varane. Comment croire que le club soit à la recherche d’un défenseur central de ce niveau lorsque l’on possède dans son effectif Thiago Silva, David Luiz et Marquinhos. C’est tout simplement, numériquement, une hérésie. Aujourd’hui, il suffit de taper le nom d’un joueur de niveau mondial et de rajouter le mot « PSG » dans Google pour trouver un « article de source sûre » annonçant un accord imminent avec untel ou untel. Il y eut aussi la période ou le Paris Saint Germain était à la limite des joueurs extra-communautaires. Cela n’a pas empêché certains sites et certains journaux de sortir des rumeurs concernant un joueur comme Oscar ou encore Coutinho. Sans parler de la fausse signature annoncée de Daniel Alves l’an dernier. Là encore, le joueur a longtemps utilisé le PSG pour renégocier son bail avec les blaugranas…



  De l’autre coté du marché, les agents font leur travail. Un joueur cherche toujours à obtenir un meilleur contrat. Les joueurs et les agents touchent chacun une prime à la signature de chaque contrat (y compris les renouvellements), en plus d’une revalorisation salariale. Pour parvenir à leurs fins, ils créent donc de toute pièce certains intérêts fictifs leurs permettant de mettre la pression pour négocier. C’est toujours la même histoire. Le PSG serait « fortement intéressé » par un joueur et comme par magie, ce joueur prolonge son contrat le mois suivant. Aussi, certains clubs, qui ont tendance à faire monter les enchères, comme Naples et Palerme, n’hésitent pas non plus à parler d’intérêts du Paris Saint Germain pour leurs joueurs. Dans ces deux cas, le Paris Saint Germain est utilisé pour faire monter la valeur commerciale des joueurs.



  Il est important de voir que la place du PSG dans ce marché a considérablement évolué. Auparavant, les lobbyings se faisaient avec le Real Madrid, le FC Barcelone et certains clubs anglais voir le Bayern Munich. La nouvelle force financière mais surtout sportive du club positionne aujourd’hui, par cette combinaison de forces, en tête des principaux acteurs de spéculation. Le club est désormais associé depuis un an aux meilleurs joueurs du monde, aux quatre premiers joueurs du classement du ballon d’or plus récemment. C’est une réussite pour les dirigeants parisiens, un premier achèvement en matière d’image mais surtout de réputation. Le Paris Saint Germain fait maintenant parti des leaders et peut attirer les plus grands joueurs. Seuls quelques uns repousseraient les sirènes parisiennes. Muller en est le principal symbole. Pour gravir cette dernière marche, il faudrait que le club achève son ascension sportive.



  Le Football est marché comme un autre où les acteurs ont une valeur marchande, où les spéculations vont bon train. Les Qataris ont réussi leur premier tour de force d’ordre financier malgré l’intervention du Fairplay financier. L’aura du Paris Saint Germain est devenue mondiale et cet aspect du Mercato en est la première preuve. Toutes ces réussites sont des indicateurs d’une progression importante et constante du club dans le monde du football. La victoire en Ligue des Champions sera l’aboutissement de cette grandeur.

mardi 23 février 2016

Verratti, successeur naturel de Motta devant la défense.







  Thiago Motta est, sans aucun doute, la plus grande réussite tactique de Laurent Blanc au Paris Saint Germain. Lui qui était auparavant était utilisé comme milieu relayeur est devenu la véritable clé de voute du système de jeu parisien. On a souvent entendu dire qu’il était le garant du contrôle de l’équipe ou encore que, sans lui, le PSG était orphelin de son identité. Thiago Motta aura bientôt 34 ans, combien de matchs de très haut niveau lui reste-t-il ? Il n’est plus rare de le voir dans la difficulté pour combler les espaces sur les attaques rapides adverses. Ce fut flagrant contre Chelsea, un peu moins au Vélodrome. Dès lors que l’adversaire parvient à percer le milieu de terrain parisien, l’animation défensive a de plus en plus de mal à fermer le jeu adverse.


  Le club en est conscient. C’est pourquoi l’été dernier, il fut déjà question, avant son transfert avorté à l’Atletico Madrid, de le remplacer. Mais la direction sportive s’est retrouvée face à un problème de taille : comment le remplacer sans perdre en qualité technique dans le milieu à trois. Thiago Motta possède des capacités rares à ce poste. Une technique au dessus de la moyenne, une passe remarquable mais aussi et surtout une grande intelligence de jeu naturelle. La combinaison de ces trois forces réduit malheureusement son profil à peu de joueurs, généralement en fin de carrière (Xabi Alonso, Pirlo), ou alors dans des clubs qui ne sont pas vendeurs (Sergio Busquets, Javi Martinez). Le club s’est alors penché sur deux joueurs pouvant potentiellement atteindre ce niveau la : Ilkay Gundogan et William Carvalho. Pour plusieurs raisons, principalement physiques pour le premier et techniques pour le second, le choix s’est alors porté sur une prolongation de Motta.


  Derrière cette décision, une logique est ressortie. A moyen terme, Verratti sera le successeur de Motta devant la défense. Rien de plus naturel pour celui qui est considéré comme le nouveau Pirlo dans son pays. C’est d’ailleurs à ce poste la que l’utilisait Carlo Ancelotti. Le faire reculer sur le terrain ne serait pas une hérésie statistiquement (seulement 4 passes décisives en 26 matchs cette saison et 3 buts en 156 matchs au club). A l’heure où il paraît évident que le club cherche à recruter deux joueurs sur la ligne d’attaque en cas de départ d’Ibrahimovic ou Cavani et après celui de Lavezzi, il ne faut pas s’attendre à beaucoup de mouvements au milieu. C’est pourquoi, avec six joueurs pour trois postes, l’effectif paraît suffisamment fourni numériquement.
Je dis bien six joueurs. Parce qu’avec Motta, Verratti, Matuidi, Rabiot et Stambouli, il y a bien Javier Pastore. Blanc veut voir Pastore au cœur du jeu. Il l’a répété à plusieurs reprises, il le préfère face au jeu plutôt qu’excentré sur un coté. Techniquement, le milieu à trois ne serait pas affaibli. Il y aussi Rabiot qui ne cesse de progresser et dont l’ambition est affichée ouvertement. C’est d’ailleurs la seconde hypothèse pour prendre la place de Motta. Mais pour le moment, le staff a encore trop d’incertitudes concernant son impact physique et son manque d’expérience dans un poste qui demande beaucoup de maîtrise tactique. Lors de la première journée de championnat cette saison c’est lui qui avait été titularisé à la place de Motta mais deux cartons jaunes plus tard en 28 minutes de jeu ont semé le doute dans les têtes parisiennes. De plus sa capacité à se projeter vers l’avant conforte ce choix tactique. Rabiot a de l’avenir mais comme milieu relayeur.


  A moins qu’une opportunité n’apparaisse sur le marché des transferts, le raisonnement à moyen terme des dirigeants et du staff technique est pensé et défini. Il faudra se faire à l’idée voir partir, progressivement, ces champions que sont Ibrahimovic, Motta et Maxwell. D’autres à l’image de Verratti, Thiago Silva et Di Maria écrivent déjà la suite.



  Les joueurs ne sont que de passage, le club reste.

mercredi 17 février 2016

PSG - Chelsea / S03E01





Le Paris Saint Germain s’est imposé 2-1 lors de ce match aller, à domicile. Laissons de coté l’affaire Aurier, le débat Cavani-Lucas, le Qatar et ses millards, le supposé faible de niveau de la Ligue 1, l’ambiance « disparue » du Parc des Princes et parlons football. Décryptons tactiquement ce nouvel épisode du nouveau classique parisien en Ligue des Champions.

On le sait l’objectif numéro un du club est la Ligue des Champions. Les joueurs du Paris Saint Germain sont entrés mardi soir dans une configuration que l’on commence à connaître depuis maintenant une dizaine d’année. L’affrontement entre un 4-3-3 basé sur la possession de balle, configuré pour travailler sur des attaques placés avec un bloc-équipe haut sur le terrain face à un 4-2-3-1 à positionnement bas qui cherche à exploser le plus rapidement vers l’avant en ressortant par les cotés puis la profondeur. C’est sans rappeler les nombreuses confrontations entre le Barca de Messi, l’Inter de Mourinho ou face à ce même Chelsea.


« Introduction »

 Le Paris Saint Germain est entré fort dans ce match. L’équipe de Laurent Blanc a su comme toujours imposer son jeu d’entrée en articulant le milieu à trois vers les cotés ce qui à permis à Matuidi et à Verratti de créer des espaces en faisant dézoner le bloc défensif de Chelsea. A plusieurs reprises, les deux latéraux ont été lancé après un jeu court à trois attirant dans l’axe du terrain l’équipe anglaise. L’activité du milieu parisien a donné le ton dans ce premier tiers tactique du match. En face, l’équipe de Chelsea a eu beaucoup de mal à ressortir le ballon, presque étouffée par l’activité parisienne. Une domination malheureusement stérile. Il y eut trop de déchet technique dans la dernière passe ou dans la, si importante, avant dernière passe. Le milieu était fort mais les deux joueurs responsables théoriquement de faire cette différence que sont Di Maria et Lucas dans ce dispositif n’ont pas été suffisamment efficients.



« Développement »

 Ce premier long temps fort s’est ensuite essoufflé physiquement. C’est à ce moment précis que les problèmes tactiques ont commencé à apparaitre. Dans un meilleur jour et ou contre un autre style d’équipe, le Paris Saint Germain aurait du ouvrir le score mais un joueur s’est mis à jouer plus juste, plus rapidement. Fabregas a su hausser son volume de jeu pour ressortir le ballon en deux touches maximum. Le match s’est alors instantanément tendu coté parisien. L’absence des deux joueurs de couloir parisien au cours de la première partie du match a alors déséquilibré le collectif parisien. Je m’explique. Lorsque vous jouer comme le PSG, le Barca ou bien encore le Bayern, le « tiki taka » impose une activité collective très organisée et, dans le bon sens du terme, très agressive de la première ligne de 4 de l’animation défensive (Di Maria, Lucas, Matuidi, Verratti) auquel on ajoute Motta qui a pour rôle principal d’anticiper et couper les passes derrière ce premier rideau. Or, on a vu tout le reste du match Fabregas combiner techniquement avec Hazard et Willian coté gauche ou Pedro et Willian coté droit. Si l’on met de coté les deux premiers buts du match marqués avec une certaine réussite, toute la suite du match s’est exécutée de cette manière : possession de Paris, attaque placée de Paris, récupération basse de Chelsea, aspiration dans l’axe avant de sortir sur les cotés puis dans la profondeur. Paris a failli à la perte du ballon.

Plus le match avançait, plus le Paris Saint Germain s’est épuisé sur les contre attaques de Chelsea. Sur un échange de passe courtes, Chelsea réussissait à trouver des espaces dans le dos de la première ligne défensive et c’est là que la vitesse et l’intelligence de déplacement entre les lignes de Willian à forcer Paris à défendre en reculant. Motta s’est retrouvé trop souvent esseulé face aux trois flèches de l’équipe de Gus Hiddink. Offensivement, le jeu parisien ne passait plus par les cotés. Ce qui avait fait la force de la première partie du match ne devenait plus qu’homéopathique. Verratti et Matuidi ont progressivement baissé physiquement. Verratti n’a effectué que 98 passes lors de ce match. On est loin de sa moyenne habituelle avoisinant les 150 passes mais on le savait, il serait sans doute un peu court physiquement pour ce match.



« Conclusion »

 Chelsea s’est mis à espérer plus de ce match, à jouer un peu plus haut. Cavani est rentré et à apporté un peu plus de poids, plus de profondeur. Et l’éclair de Di Maria vint. On dit souvent que l’appel fait la passe et inversement. Dans cette situation, les deux joueurs ont autant de mérite. Il est certes plus facile de jouer dans le dos de Cahill et Ivanovic, encore faut-il en avoir la possibilité. Paris l’a eu une fois lors de ce match et à su en profiter. L’entrée combinée, presque un peu tardive, de Pastore et Rabiot a re-dynamisé le milieu de terrain et Paris a terminé son match comme il l’avait commencé, fort. Mais comme dans ce début de match, Paris n’a pas réussi à marquer, à faire le break.





Nul doute que le match retour sera tactiquement similaire à cette première manche. Espérons que Verratti sera au top physiquement, que Di Maria retrouvera une plus grande constance sur 90 minutes et qu’à la perte du ballon, le Paris Saint Germain n’offre pas autant d’espaces. Avec un peu de tout cela, l’équipe de Laurent Blanc aura sans doute plus de maitrise, plus de contrôle et pourra envisager les quarts de finale.

Merci So Foot pour cette belle interview...








Comment tu es devenu recruteur à l'OGC Nice ? J'ai cru comprendre que tu avais un parcours atypique.

C'était en 2009, je connaissais un ancien directeur sportif. Il m'a dit de contacter le nouveau. Mais le club n'avait pas d'argent pour embaucher un recruteur de plus. Alors j'ai proposé de faire six mois à l'essai non rémunéré, avec une potentielle promesse d'embauche si je me rendais indispensable et que mon travail était satisfaisant. Je n'avais que 24 ans et j'étais diplômé de l'European Business School à Paris. Donc rien à voir avec le foot. Sauf que le foot, c'est ma vie. Aujourd'hui encore, même si je ne travaille plus dans le milieu, je regarde dix à douze matchs par week-end. Tout ce qui me passe sous la main.



En 2011, tu avais déclaré que Nice avait utilisé Football Manager pour recruter Nemanja Pejčinović. Comment tu t'y étais pris, exactement ?

En fait, en période de mercato estival, tous les jours, on te donne dix ou quinze noms. Un jour, dans une de ces listes, mon supérieur m'a parlé de Pejčinović. Et ce joueur-là, je le connaissais déjà depuis deux ou trois ans, de Football Manager. Direct, quand on m'a proposé ce nom, j'ai dit : quand on va regarder des vidéos, on sera tous d'accord. J'ai tilté tout de suite. En fait, il était parti en Allemagne, il ne jouait pas. Du coup, on a pu le recruter.



On a parlé de Monzón aussi.

Oui, je m'occupais de tout l'étranger, sauf la Belgique et la Suisse. Ces championnats limitrophes étaient couverts par les recruteurs de Ligue 1 et Ligue 2. Et l'Argentine, c'était un championnat que je connaissais vraiment par cœur, aussi bien que la Ligue 1. À l'époque, on cherchait un latéral gauche offensif, et je suivais Monzón comme je suivais quatre ou cinq latéraux gauches en Argentine. Et Monzón, à un moment donné, je me suis rendu compte qu'il jouait moins. On a donc eu l'opportunité de le faire venir. Le marché des transferts argentin est fait de telle sorte que tous les quatre ou cinq mois, les prix peuvent varier de un à cinq millions selon les formes financières des clubs. Je suis parti en Argentine pour voir Monzón, et ça s'est fait comme ça. Alors à la base, Monzón, oui, c'est Football Manager. Mais après, il y a eu tous les filtres : les vidéos, les renseignements sur place avec nos contacts... Il y a plein de facteurs qui entrent en jeu.




Donc, toi, ton rôle, c'était de bouffer du Football Manager, pour ensuite vérifier ?

Oui, je travaillais comme ça. Je m'enfermais tout un week-end ou le soir après le bureau. Je jouais entre 30 et 50 heures par semaine. T'as déjà joué à Football Manager, tu vois comme c'est prenant, ça prend un temps fou. Je connais le jeu par cœur, j'y joue depuis 1996. Il est très proche de la vie réelle. En gros, quand j'arrivais au bureau, j'avais trois écrans. Sur le premier, j'allumais Football Manager. Sur le second, une page internet avec les outils de statistiques du club. Un enfin, un écran relié à un lecteur DVD pour visionner des vidéos. Mais oui, FM était toujours allumé.



Comment on fait le distinguo entre les pépites qui se vérifient dans la réalité et les arnaques ?

C'était très simple. Je faisais mes listes de joueurs par poste. Ensuite, tu regardes leurs stats en vrai. Entre ceux qui jouent, ceux qui ne jouent pas, t'en enlèves la moitié. Ensuite, par rapport à la vidéo, t'enlèves encore la moitié, parce qu'il y en qui sont pipeau. Là, il te reste trois ou quatre joueurs par poste. Tu regardes dix matchs de chaque joueur, pour les connaître sur le bout des doigts. Monzón par exemple, on savait que son placement défensif n'était pas bon. Mais offensivement, ça apportait quelque chose. C'était un choix, un équilibre à trouver avec le latéral droit. Comme Abidal et Dani Alves à Barcelone.



Apparemment, tu t'étais fait taper sur les doigts pour avoir révélé ta méthode, non ?

À l'époque, j'avais répondu au journaliste de France Soir pour rendre service à quelqu'un, sans l'autorisation de mes supérieurs. Alors, aujourd'hui, c'est peut-être plus dans l'air du temps de parler des autres bases de données, que ce soit les jeux vidéos ou même la télévision. Enfin, n'importe quelle base de données de notre génération. Mais à l'époque, j'ai failli me faire virer à cause de ça. Parce que ce qui en est ressorti, c'était «  L'OGC Nice recrute sur Football Manager  » . Ça m'a vachement desservi sur le moment. Pourtant, je n'ai raconté que la vérité, rien de plus, rien de moins.



Pourquoi ça les a contrariés, cette sortie dans la presse ?

Déjà, je n'étais pas un ancien joueur de foot, et j'arrivais à Nice plaqué 75. Et dans le Sud, ils n'aiment pas trop trop les Parisiens (il sourit). Je n'avais donc pas le soutien de tout le monde. Et puis surtout, à l'époque, ils pensaient que ça décrédibilisait le club de dire qu'on utilisait cette base de données. Alors qu'aujourd'hui, tous les clubs qui recrutent bien en Europe l'utilisent. Il y a même des clubs qui ont des contrats avec cette base de données. Everton, ce sont les seuls qui l'ont affiché publiquement. Mais je peux te dire que Palerme, Porto, tous ces clubs-là utilisent FM. Parce qu'ils ont une vraie cellule de recrutement.



Quand tu dis «  ces clubs-là  » , tu sous-entends que les clubs français n'ont pas de vraies cellules de recrutement ?

Non, ou du moins, elles sont très petites. À Palerme, ils sont capables de construire des sphères, des cellules de travail où ils sont 18 ou 20 par exemple. Et ces mecs-là bouffent des matchs H/24. À Nice, quand je suis arrivé, il y avait deux recruteurs. Encore aujourd'hui, il n'y a que deux façons de recruter. La première, c'est de se déplacer et d'aller voir des matchs. La deuxième, ce sont les agents qui te proposent un joueur, et après, tu dois aller te renseigner. Moi, j'avais une troisième façon de travailler, c'est pour cette manière-là que j'ai été embauché. Et c'est ce qui intéressait mes supérieurs. Après, cette façon de travailler, ça reste un outil. C'est pas un miracle, tu ne fais pas que jouer à FMtoute la journée. Tu te sers juste de son immense base de données. Et après, avec les autres outils du club, que ce soient les vidéos, les stats, et en dernier recours tes yeux, parce que c'est toi qui est juge, tu fais le tri. En faisant ça, par exemple, je n'ai pas eu besoin de travailler avec les agents. Et un agent, il te dit «  regarde ce joueur, c'est un monstre  » , même s'il ne vaut rien.



Tu étais le seul en France à utiliser Football Manager ?

Je ne sais pas si j'étais le seul à travailler comme ça en France. Mais en tout cas, j'ai rencontré des gens de Football Manager, et ils m'ont dit que j'étais le seul à me manifester. Ça m'étonnerait que d'autres travaillent comme ça. Parce qu'au moment où j'étais à Nice, 95% des recruteurs étaient des anciens joueurs pros. Et les anciens joueurs pros, ils ont 40-50 ans. C'est pas leur génération.



Et à l'étranger ?

En Angleterre, au Portugal et en Italie, ils l'utilisent, c'est sûr et certain. Mais de toute façon, on a beaucoup de retard. Au Portugal, en Italie, là où ils ont aussi peu de thunes que nous, ils sont beaucoup plus créatifs.Football Manager, c'est juste un exemple.



Qu'est-ce que tu entends par là ?

Un exemple. Pastore et Sirigu, ils sont venus de Palerme en même temps pour une enveloppe de 45 millions d'euros. Sirigu, il y avait 50% de sa revente qui était à redistribuer à son ancien club. Donc ils ont baissé le prix au max de Sirigu, et ils ont augmenté au max celui de Pastore. Parce que sur Pastore, ils n'avaient rien à reverser. L'enveloppe globale était de 45 millions pour les deux. Mais dans les faits, jamais le PSG n'a payé 42 millions pour Pastore et seulement 3 millions pour Sirigu qui était troisième gardien de l'Italie à 23 ans. Ça n'a pas de sens. Chelsea avait proposé 30 pour Pastore et le PSG en a proposé 32, auxquels ils ont ajouté treize millions pour Sirigu. Ensuite, ils se sont arrangés. Ça, c'est malin.



Et en France, on n'est pas capables de penser à ce genre de combines ?

Autre exemple. Quand je travaillais à Nice, j'avais proposé quelque chose. Je suivais les championnats brésiliens et argentins. Leur calendrier est différent du nôtre. Même si c'est un peu modifié en Argentine, en gros, le calendrier s'étend toujours du 1er janvier au 31 décembre. À Nice, t'étais obligé de vendre avant d'acheter, comme dans tous les clubs français. Mais rien n'empêchait de faire un prêt du 1er janvier au 31 décembre avec une option d'achat, pour la lever au 15 août par exemple. Mais ils n'ont jamais voulu. Pourtant, c'est malin, ça aussi. Au Portugal, en Italie, ils n'hésitent pas à le faire.





Après Nice, tu as travaillé avec d'autres clubs ?

Non, j'ai travaillé avec des agents. Mais ça ne m'a pas du tout plu. Ces gens-là ne pensent qu'à l'argent, c'est un truc de dingue. Ensuite, j'ai complètement quitté le monde du foot.



Comment ça, ils ne pensent qu'à l'argent ?

Même les agents bien, ils ne pensent qu'à ça. Le mec qui prend un footeux sous son aile parce qu'il veut le faire progresser et le faire monter petit à petit, il n'existe pas.


Maintenant que tu ne travailles plus du tout dans le milieu du foot, tu continues à jouer à Football Manager ?

Carrément. C'est super intéressant pour apprendre la gestion à moyen terme d'un club. En France, à part le PSG, on ne fait que du bricolage. Pourtant, le fait de recruter des joueurs qui ont un potentiel de revente intéressant, c'est la clé du développement d'un club financièrement. En France, tu ne gagnes pas d'argent avec les produits dérivés et peu avec la billetterie. Tu gagnes seulement avec les droits TV. Mais c'est pas suffisant pour couvrir tous les frais. Alors pour te développer, il faut faire de la plus-value sur les joueurs. Mais je le répète, en France, c'est Monsieur Bricolage. Quand Lyon recrute Gaël Danic, c'est une erreur. C'est grave, même. Après, Florian Maurice, il est tout seul au recrutement. Comment c'est possible d'aller chercher des joueurs intéressants quant t'es tout seul ? Mais bon, au moins, Lyon a un centre de formation pour compenser, ce n'est pas le cas de tous les clubs.